Secrets de collemboles
Sous nos pieds vivent de minuscules animaux essentiels à la santé des sols. Passionnée par l’infiniment petit, Corinne Boul s’est penchée sur eux.
Sous nos pieds vivent de minuscules animaux essentiels à la santé des sols. Passionnée par l’infiniment petit, Corinne Boul s’est penchée sur eux.
Originaire de Lorraine, dans l’est de la France, Corinne Boul est photographe nature. Elle affectionne la macrophotographie et plus particulièrement les collemboles auxquels elle a consacré une
exposition.
" Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de tester un objectif photo capable de réaliser des prises de vue macro avec un agrandissement élevé. J’ai alors découvert un monde miniature fascinant, qui a été une révélation pour moi. Je me suis procuré ce matériel et suis partie à la recherche des petites bêtes du sol. Et plus spécifiquement des collemboles, de petits arthropodes qui mesurent entre 0,5 et 5 mm. La plupart se nourrissent de végétaux en décomposition et participent ainsi à générer ce qu’on appelle l’humus, tout comme les vers de terre.
Non loin de chez moi se trouve un boisement dans lequel j’aime me balader.
Bien que l’on puisse trouver des collemboles dans quasiment tous les écosystèmes terrestres, c’est aux abords d’une mare forestière que j’ai envie de les chercher. Les mouvements de l’eau offrent des images esthétiques. Les collemboles peuvent être vraiment difficiles à repérer. Certains sont visibles à l’œil nu après quelques minutes d’observation, tandis que d’autres sont tellement petits que je dois m’aider de mon appareil pour les distinguer.
Ce jour-là, je scrute la litière à plat ventre sur la berge depuis quarante-cinq minutes, soulevant précautionneusement quelques feuilles, afin de provoquer ma chance. Sur une lentille d’eau, je remarque alors un tout petit point noir avec un soupçon de blanc. Je saisis mon matériel et aperçois le convoité hexapode posé sur le disque végétal. Avec une taille de moins de 1 mm, il est en effet indispensable de s’aider d’un bon objectif ou d’une loupe pour l’observer ! "
Il s’agit d’être délicat. L’arthropode peut disparaître en un battement de cils grâce à sa furca, un appendice tendu comme un ressort situé sous son abdomen. Il peut sauter, comme une puce, jusqu’à 50 à 100 fois la longueur de son corps. Chez certaines espèces, cela peut représenter près d’une dizaine de centimètres. C’est comme si l’on était capable de sauter sur le toit d’un immeuble de douze étages !
Je me positionne donc minutieusement afin d’obtenir l’arrière-plan le plus harmonieux possible. Je souhaite retranscrire cet environnement aquatique mouvant autour de lui. Que ce soit pour ce sujet ou dans l’ensemble de mes photos, je privilégie toujours une ambiance, un jeu de textures et de couleurs pour créer l’univers le plus graphique possible.
Hop, au bout d’une vingtaine de minutes et de nombreuses prises de vue, notre ami à six pattes bondit et disparaît de ma vue. De retour chez moi, je publie la photo sur les réseaux sociaux. Avec l’aide d’un passionné néerlandais, je réussis à identifier cette espèce très rare, mal connue et non cartographiée en France. Sminthurides penicillifer ne bénéficie pas de nom vernaculaire poétique, qu’importe, ce merveilleux bijou de la nature participe discrètement à la vie du sol.
Le saviez-vous ?
Réalité augmentée
Si la grande majorité des objectifs de macrophotographie offrent un ratio de reproduction de 1:1, soit équivalent à ce que perçoit l’œil humain, certains objectifs ouvrent d’autres perspectives. Ils permettent d’agrandir la réalité entre 1 et 5 fois. Qualifiés parfois d’objectifs super macro, ils permettent de capturer ce que notre vue est incapable de distinguer. Un sujet de 1 mm apparaîtra jusqu’à 5 mm à l’image. Avec un tel matériel, la zone de netteté est seulement de 0,25 à 1,03 mm et demande beaucoup de précision.
Petits, mais efficaces
Avec environ 9 000 espèces dans le monde, les collemboles affectionnent les sols humides où ils découpent et fragmentent les végétaux en décomposition, les micro-organismes et les champignons. En se déplaçant, ils créent des microporosités favorisant l’aération et le bon enracinement des plantes. Ce sont des auxiliaires dans le maintien de la qualité des sols. En consommant des champignons pathogènes, ils limitent l’apparition de
maladies chez les plantes. Comme leur présence est signe d’un sol en bonne santé, préservé de la pollution chimique, ils sont aussi utilisés comme bio-indicateurs.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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