Secrets de jouvence des grands murins
Eric Petit de l’INRA révèle pour le n°230 de La Salamandre tout ce que les grands murins bretons peuvent apporter à la science du vieillissement.
Eric Petit, il paraît que les chauves-souris font de vieux os?
De vieux os… et de vieilles peaux ! Oui la biologie des chauves-souris est passionnante à plus d’un titre. Ce sont des animaux pourvus d’une longévité exceptionnelle. Le record est aujourd’hui détenu par un murin de Brandt (Myotis brandtii) qui, au moment de sa recapture, était âgé d’au moins 41 ans ! Pas mal pour une bestiole de quelques grammes ! Une extraordinaire particularité en plus de celles qu’on connaissait déjà comme le vol ou l’écholocation.
Mais c’est le grand murin qui retient toute votre attention…
Oui, grâce à un mélange de hasard, de contraintes, et de rencontres. Quand Emma Teeling, professeure à l’Université de Dublin, a imaginé son projet de recherche sur le vieillissement chez les chauves-souris, elle cherchait un programme de marquage individuel existant pour qu’il soit possible de connaître l’âge des animaux. Indispensable quand on veut travailler sur le vieillissement ! Et justement, à l’initiative de l’association Bretagne Vivante, un suivi du grand murin était en cours. Dans cette étude, tous les individus sont marqués à l’aide de petites puces glissées sous leur peau comme le fait aujourd’hui un vétérinaire pour identifier les chats ou les chiens. Le grand murin est en plus relativement grand, ce qui facilite les prélèvements sanguins nécessaires à nos recherches. Je suis justement impliqué dans le comité scientifique de l’étude bretonne et j’ai permis le contact avec Emma Teeling que je connaissais. Le grand murin est alors devenu la vedette du projet.
Que nous racontent ces murins alors ?
Trois années de terrain et d’échantillonnage sur un tel sujet, ce n’est encore qu’un début. Mais une étape importante a été franchie concernant la méthode de travail grâce à la prouesse des chercheurs de Dublin. Ils ont en effet démontré qu’il était possible d’étudier l’ensemble des gènes exprimés de ces si petits mammifères à l’aide de prélèvements d’environ 1/10ème de ml de sang seulement!
Quelles sont les prochaines pistes ?
Ces techniques, et la possibilité de pouvoir comparer des individus d’âge connu, vont permettre d’explorer différents « secrets » relatifs aux mécanismes du vieillissement. Pour cela, on va se pencher sur les hypothèses suivantes :
- La régulation de l’expression des gènes serait meilleure chez les chauves-souris que chez des organismes qui vieillissent plus vite,
- La dégradation du fonctionnement cellulaire lié à l’érosion des extrémités des chromosomes serait ralentie chez les chauves-souris,
- La capacité de réparer l’ADN serait plus efficace chez les chauves-souris que chez les autres organismes comparables.
Propos recueillis par Jean-Philippe Paul
Plus d’infos sur chiroblog, espace des sciences, INRA et la tête au carré du 8 mai 2015.
Organismes de recherche : INRA Rennes, Agence sanitaire ANSES et Conway Institute.
Illustration en une : Grands murins par Yann Le Bris, à retrouver en entier dans La Salamandre n°230.
Photo par Yann Le Bris.
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