A la rencontre des chocards à bec jaune entre plaine et montagne
Dévalons le coteau valaisan entre vignes et chênes pubescents, sous l’œil des chocards à bec jaune. En hiver, ces voltigeurs venus des montagnes s’offrent volontiers des virées gastronomiques en plaine.
Dévalons le coteau valaisan entre vignes et chênes pubescents, sous l’œil des chocards à bec jaune. En hiver, ces voltigeurs venus des montagnes s’offrent volontiers des virées gastronomiques en plaine.
Dans le funiculaire qui nous emmène à flanc de montagne, au-dessus de Sierre, un toit vitré permet d’admirer un spectacle captivant. Dès les premiers mètres de l’ascension, une nuée d’oiseaux tournoie dans les airs. D’un vol acrobatique, ils se croisent dans un va-et-vient gracieux.
Alain Jacot sort ses jumelles. « Bec jaune et fin, plumage noir, pattes rouges… Pas de doute, ce sont des chocards à bec jaune », assure le biologiste de l’antenne valaisanne de la Station ornithologique suisse de Sempach. Ce sont des corvidés assez courants en montagne. Qui n’a jamais vu ces coquins chaparder des frites à la terrasse d’un restaurant d’altitude ?
Or, aujourd’hui, c’est en ville que nous les rencontrons. Comment cela se fait-il ? « Les chocards ne sont pas des oiseaux migrateurs à proprement parler, mais il n’est pas rare qu’en hiver ils descendent en plaine pour trouver de la nourriture et remontent en altitude pour la nuit. Ce sont des opportunistes », explique notre guide. Dès le retour des beaux jours, nous ne les observerons plus à si basse altitude. Profitons donc de leur visite passagère pour apprécier leur ballet aérien.
Recherche casse-croûte
Arrivés à la station Saint-Maurice-de-Laques, nous sortons du funiculaire pour descendre à pied vers la cité valaisanne. Le froid pique et les chocards volent en nombre au-dessus de nos têtes. Une vision qui provoque d’ailleurs quelques frissons à la Hitchcock. « Ils sont entre 500 et 600 dans ce groupe. Pourtant, ce n’est pas une véritable espèce sociale, précise l’ornithologue. Ces oiseaux se regroupent par nécessité. » Par exemple, s’ils se retrouvent à nicher les uns à côté des autres sur les falaises, c’est simplement parce qu’ils n’ont pas d’autres endroits propices où s’installer.
Ce rassemblement en basse altitude est donc motivé par une source de nourriture attrayante. Mais laquelle ? Depuis le début de notre marche, seules des feuilles séchées jonchent le sol. Pas un insecte à l’horizon et pas une baie sur les arbres. « Graines, fruits, déchets alimentaires laissés par les humains, les chocards à bec jaune ne font pas les difficiles, éclaire Alain Jacot. De plus, ils dégotent encore des invertébrés dans une vigne comme celle-ci qui offre à la fois des herbes hautes où se développent ces petites bêtes et des surfaces nues où il est facile de les chasser. » Ces rares vignobles enherbés sont donc très recherchés. D’autant plus si quelques raisins subsistent sur les ceps. « Il y a trente ans, les oiseaux n’auraient rien trouvé ici. On ramassait chaque grain pour ne rien perdre. Mais avec l’introduction des quotas de vente du raisin, ils ont adapté leur comportement et profitent des fruits délaissés », poursuit l’ornithologue.
La fin des pins
Nous traversons ensuite une zone boisée parsemée de squelettes. Depuis une vingtaine d’années en Valais central, les pins ont tendance à succomber par manque d’eau. Une conséquence du dérèglement climatique que l’on peut concrètement constater autour de nous. Parmi les formes fantomatiques, on voit çà et là d’autres arbres aux feuilles brunes recroquevillées. « Ceux-là sont bien vivants, affirme notre guide. Ce sont des chênes pubescents qui ont la particularité de garder leur feuillage sur branches tout l’hiver. »
Ascenseur atmosphérique
A notre arrivée en plaine, quelques flocons commencent à habiller le bitume de reflets blancs. Il est temps de rentrer chez nous. « C’est également ce que vont faire les chocards à bec jaune, sourit Alain Jacot. J’habite Venthône, une commune que nous venons de traverser. Chaque fin d’après-midi je les vois remonter vers les sommets. » Dès que les conditions le permettent, ils se laisseront tout simplement porter par les ascendances thermiques, une astuce qui leur fait économiser bon nombre de battements d’ailes. Ils s’élèveront ainsi en décrivant de larges cercles, comme aspirés par un tube invisible. Retour au bercail pour une nuit en altitude avant une nouvelle virée en ville dès demain.
Ne confondez plus choucas et chocard avec notre vidéo Ceci n’est pas un choucas.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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