Le géant des profondeurs
Le silure a depuis toujours nourri légendes et croyances. Glissons à sa rencontre en compagnie d'un photographe apnéiste.
Le silure a depuis toujours nourri légendes et croyances. Glissons à sa rencontre en compagnie d'un photographe apnéiste.
Quasimodo aquatique
Une mauvaise vue, six longs barbillons sensibles, une gueule énorme et un corps sans écailles tout en longueur. Le silure est le plus grand poisson d'eau douce d'Europe. Originaire de l'Est du continent, il est naturellement présent dans le bassin du Rhin et a été introduit ailleurs dans nos lacs et nos fleuves. Un monstre ? Le plus grand jamais capturé mesurait 5 m de long pour 300 kilos. Il a été remonté du Dniepr, en Russie. En Suisse, la prise record, plus modeste, a été réalisée l'été dernier sur le lac de Constance : 2,40 m et 83 kilos. En France, 2,56 m et 110 kilos. Le plaisir du duel séduit depuis longtemps les pêcheurs.
Le silure, omnivore, est lui aussi prédateur. Il se cache la journée dans les fonds à forte turbidité et remonte la nuit venue pour chasser. A son menu, des gardons ou des ablettes assoupies. Parfois des grenouilles, des rats ou des oiseaux d'eau. Certains disent l'avoir vu attraper poules, canards ou chien. La légende va jusqu'à relater la découverte de restes humains dans son système digestif. Racontars ?
Plongées sans bouteille
Les immersions de Rémi Masson sont toutes menées en apnée. Elles permettent une totale liberté de mouvement et n'effraient pas les poissons. Depuis 15 ans, le Haut-Savoyard fréquente les eaux vertes des lacs de montagne ou les rivières, jusqu'à 20 m de profondeur. Il y a rencontré leurs habitants, et s'est découvert une passion pour les silures, poissons placides souvent bien plus longs et lourds que lui, palmes comprises.
Professeur de Sciences de la Vie et de la Terre, il a consacré un an et demi de son temps libre à plonger dans une fosse du Rhône, quelque part en aval de Lyon, entre 2009 et 2011. Il a été l'un des premiers à observer d'intenses rassemblements de Silurus glanis, jusqu'à 50 spécimens tournoyant en boules. Parfois, c'est le photographe qui se trouvait en leur centre. Un lien social, voire un respect hiérarchique, rare chez les poissons, pourrait être à l'origine de ces formations. Elles ont d'ailleurs fait l'objet en octobre 2011 de la publication d'une étude scientifique à laquelle Rémi Masson a largement participé.
Lui demeure fasciné par ces géants, « des poissons très curieux qui viennent spontanément au contact, favorisant de véritables rencontres comme je n'en ai jamais vécu dans les eaux des lacs ou des fleuves » . Et ces fameuses croyances ? « Un silure exceptionnellement agressif pourrait en théorie s'attaquer à un homme. Avec ses petites dents, il ne lui ferait pas grand mal. Pour ma part, après des dizaines de plongées, je n'ai jamais été inquiété. A part la fois où un individu de plus de 2 m est venu taper mes palmes. J'ai dû brandir mon caisson-photo pour le repousser... Impressionnant, mais sans danger ! »
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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