Ces bénévoles remplument nos voisins volants
Nichée aux Marécottes, en Valais, la station de soins pour oiseaux sauvages Nouvel Envol déploie ses ailes bienfaitrices. Reportage.
Nichée aux Marécottes, en Valais, la station de soins pour oiseaux sauvages Nouvel Envol déploie ses ailes bienfaitrices. Reportage.
Des pépiements et froissements d’ailes s’échappent de la rangée de caisses sur l’étagère du container. Chacune héberge un pensionnaire à plumes rêvant de retrouver le ciel. « Ce n’est jamais une bonne nouvelle d’accueillir un héron, annonce Mélanie Fellay, fondatrice du centre, en sortant avec précaution l’échassier d’une caisse. Ces oiseaux ont une telle capacité de survie avec de graves blessures qu’ils arrivent souvent trop tard. » L’auscultation confirme. La fracture nécrosée au tibia élimine toute chance de retour à l’état sauvage. Le héron cendré sera euthanasié par le cabinet vétérinaire partenaire, rejoignant – qui sait – d’autres cieux.
« Notre centre, qui fonctionne principalement sur le bénévolat, accueille, soigne et réadapte tous les oiseaux sauvages retrouvés blessés ou malades. Du moineau à la perdrix, chacun reçoit la même attention, le but étant de les relâcher », résume la soigneuse.
À côté des mesures de conservation et de prévention, voler au secours d’un oiseau – reproducteur potentiel pour son espèce – est une partie de la solution face au déclin vertigineux de l’avifaune helvète dont 40 % des nicheurs sont menacés. « Comme il abrite environ 150 espèces sur les 220 du pays, le Valais a une grande responsabilité. »
En prenant sur son temps libre, Mélanie Fellay a fondé la première station de soins du canton en 2018, dans une caravane, puis s’est associée à Aurélie Berthod, également formée à la détention d’oiseaux sauvages.
À force d’abnégation, l’association a grandi et, en 2020, elle a emménagé au zoo des Marécottes.
Éclosion d’une vocation
Check-up minutieux d’une chouette hulotte retrouvée au bord d’une route forestière ce matin. « Elle est bien sonnée. Je soupçonne un choc contre une voiture », analyse Mélanie, après lui avoir administré une injection sous-cutanée pour la réhydrater.
L’écrasante majorité des accueils ont une cause humaine. En première ligne, les chats domestiques, puis les collisions contre les vitres et la taille des haies durant la saison de nidification, qui conduit à la destruction des nids ou à leur abandon. « Les cas de blessures naturelles se comptent sur les doigts de la main. Je me souviens de ce jeune faucon crécerelle apprenant la chasse qui s’était fait marteler la tête par une cane lorsqu’il s’intéressait à ses canetons », s’attendrit la coresponsable du centre. Pour elle, consacrer du temps à soigner les blessés, c’est un peu réparer nos bêtises. « Les oiseaux font partie de nos vies et on a toutes et tous une histoire avec l’un d’eux. Rien que pour ça, ils méritent qu’on fasse tout pour qu’ils survivent. »
La sienne, d’histoire, remonte à sa première expérience dans un centre en Bretagne. Stagiaire, elle doit maintenir un cygne femelle, sentant son cœur battre et captant la moindre de ses réactions. « J’ai été bouleversée par sa subtilité de communication, son niveau de conscience. J’ai aussi plongé dans ses yeux et capté un fragment d’une magie insondable, d’un tout inaccessible à l’humain. C’était un signe ! », sourit-elle. À leur tour, les bénévoles qui participent hebdomadairement aux soins, aux nourrissages et aux nettoyages vivent de belles émotions au service du vivant.
Mues à venir
Mélanie panse les plaies d’une grive musicienne prise dans un filet de vigne mal posé. « Je me sens plus stressé qu’elle », confie Nicolas, le bénévole qui tient le passereau remuant entre ses paumes. « Malgré nos actions de communication, les filets agricoles font encore de nombreuses victimes », constate la soigneuse, qui se dirige maintenant vers les volières.
Deux jeunes hirondelles de fenêtre réadaptées peuvent recouvrer la liberté. Abandonnées par leurs parents suite à la pose d’échafaudages devant leur nid, elles ont été nourries par les petites mains de Nouvel Envol. Elles s’élancent pour la première fois dans le vaste ciel, tournoient en gazouillant avant de rejoindre leurs congénères qui se rassemblent pour le grand voyage vers l’Afrique. L’espèce potentiellement menacée figure sur la liste rouge, comme un oiseau sur trois accueilli ici. Chaque année, 7 à 10 % supplémentaires de patients à plumes franchissent les portes de la jeune station. Les projets futurs ? Construire une structure en dur, en partenariat avec le zoo, et professionnaliser davantage l’équipe soigneuse et encadrante.
Sauver
En plus de divers événements tout au long de l’année – contes, atelier de construction de nichoirs, anniversaire des 5 ans aux Marécottes –, l’association Nouvel Envol propose une formation de sauveteur et sauveteuse d’oiseaux. Il s’agit d’apprendre à prodiguer les premiers gestes de secours à un volatile en détresse, étape décisive pour la survie de l’animal. Mélanie Fellay a bon espoir de former un maximum de personnes qui pourraient devenir à leur tour ambassadrices et sensibiliser leur entourage.
Compte Instagram du centre de soins : @nouvel_envol_valais
Si vous trouvez un oiseau blessé ou affaibli, contactez rapidement le centre de soins le plus proche de votre région, qui vous indiquera la marche à suivre : CentresOiseaux pour la Suisse et Réseau centres de soins pour la France
Nouvel Envol, c’est...
• 586 oiseaux accueillis en 2023
• 70 espèces soignées
• 53 % taux de relâche parmi les oiseaux sur la liste rouge
• 50 bénévoles
L’association poursuit jour après jour ses activités grâce aux dons et au bénévolat.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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