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L’union fait la vie
Symbiose, quand des organismes s’associent pour se nourrir
Certains êtres vivants collaborent tellement bien qu'ils ne peuvent plus se nourrir l'un sans l'autre. C'est la symbiose.
Certains êtres vivants collaborent tellement bien qu'ils ne peuvent plus se nourrir l'un sans l'autre. C'est la symbiose.
Se nourrir est une des activités fondamentales du vivant : il y a tous ceux qui se ruent sur leurs voisins et créent des réseaux alimentaires gouvernés par la prédation. Mais, surprise ! D’autres préfèrent nouer des alliances parfois très intimes pour se procurer des éléments nutritifs aussi inaccessibles qu’indispensables. Et plus si entente… Une de ces associations s’expose partout sous nos yeux, souvent sur des substrats hostiles à toute autre forme de vie, rochers, murs ou écorces. Ce sont les lichens, constitués de deux partenaires que l’on peut cultiver séparément et réassocier intimement : un champignon et une algue verte. Avec parfois un troisième larron, une cyanobactérie qui remplace ou qui est hébergée par l’algue. Cette dernière reçoit de l’eau et des sels minéraux du champignon alors qu’elle se trouve en milieu terrestre, tandis qu’elle alimente son partenaire en matière organique issue de la photosynthèse. Une telle coopération durable s’appelle une symbiose. Au-delà d’un simple échange alimentaire, ce mariage produit une structure qui protège les deux partenaires sans ressembler morphologiquement ni à l’un, ni à l’autre. Ainsi, les lichens prennent des formes de feuille, de croûte, de filament ou de mini-buisson. Ensemble, champignon et algue élaborent des substances qu’ils ne produisent pas l’un sans l’autre et qui peuvent notamment repousser certains brouteurs.
De telles alliances sont apparues plusieurs fois au cours de l’évolution. Les lichens n’ont donc pas d’unique ancêtre commun. Ils sont cependant tous capables de faire perdurer leur association au fil des générations, soit par bouturage embarquant les deux conjoints, soit par dispersion des spores du champignon. Dans ce cas, ces spores doivent s’unir rapidement à une algue après avoir germé… sous peine de mort.
Souvent idéalisée comme un modèle de relation équilibrée, la symbiose lichénique n’évolue pas toujours dans l’harmonie. Et les couples ne sont pas exclusifs. Une espèce fongique peut s’accorder avec différentes algues selon les conditions climatiques. Il arrive même qu’un champignon vole l’algue d’un autre lichen ou s’installe dans un couple établi, exploitant l’un des partenaires, ou les deux, comme un parasite.
90 %
Part des filaments de champignon dans la composition d’un lichen. Ses innombrables associés unicellulaires, algues vertes et/ou cyanobactéries, constituent le reste.
Emprunt ver
Il n’est pas rare de voir sur l’estran sableux de l’océan des traînées verdâtres. On pourrait croire à une pollution, mais il s’agit de colonies de vers plats. Dans leur jeune âge, ils absorbent des algues microscopiques qui leur donnent une couleur verte. Les algues finissent par faire partie intégrante du ver adulte qu’elles nourrissent par photosynthèse. Le ver de Roscoff perd même sa bouche et son tube digestif devenus inutiles. En retour, il prend soin de ses protégées en les exposant de façon optimale à la lumière. Il leur céderait même des nitrates et des phosphates issus de son métabolisme.
Acolytes des scolytes
On trouve parfois sous l’écorce des arbres des galeries creusées par les larves de petits coléoptères. Ces scolytes collaborent avec des champignons spécialisés dans l’attaque de la matière ligneuse. Ces décomposeurs ramollissent le bois, tandis que les insectes disséminent leurs spores. Certains scolytes vont encore plus loin en cultivant des champignons dans leurs galeries pour s’en nourrir, parfois en aménageant pour eux un terreau de bois broyé enrichi de leurs déjections.
Il mange sa flore
Le cerf collabore avec une quantité invraisemblable de bactéries qui dégradent dans sa panse les fibres végétales fraîchement avalées. A l’abri de l’air, ce petit monde fermente, produit de la chaleur, des acides gras… Puis, notre plus grand ruminant sauvage régurgite la bouillie obtenue et la mâchouille avec sa salive, avant de la ravaler. Alors commence la vraie digestion. Une partie seulement des bactéries et de leurs prédateurs unicellulaires sont dégradés, livrant au système digestif du cerf leurs éléments nutritifs, protéines et vitamines. Un échange de bons procédés.
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