Comment des tardigrades ont survécu à un voyage spatial
C’est déjà fait ! Les hommes ont envoyé des tardigrades dans l’espace. Expédition plus que réussie pour les minuscules cosmonautes.
C’est déjà fait ! Les hommes ont envoyé des tardigrades dans l’espace. Expédition plus que réussie pour les minuscules cosmonautes.
Le 14 septembre 2007, une fusée Soyouz-U décolle de la base spatiale de Baïkonour. Elle va mettre en orbite une capsule sphérique dans laquelle s’entassent 43 expériences scientifiques. L’une d’entre elles concrétise un projet un peu fou : vérifier si quelques animaux peuvent survivre exposés au vide absolu. Non pas des bactéries dont on se doute qu’elles supporteraient pareil traitement, mais des organismes multicellulaires complexes : des tardigrades. Leur corps peut-il résister au vide absolu qui fait bouillir l’eau interne ? Et les rayons cosmiques et ultraviolets vont-ils laminer leurs chromosomes ?
189 révolutions
Avant d’envoyer ses protégés dans l’espace, Ingemar Jönssen, de l’Université suédoise de Kristianstad, a pris soin, pour maximiser leurs chances de survie, de leur laisser le temps de se recroqueviller en tonnelets. Les noms des quatre espèces de cosmonautes sélectionnés pour cette épopée méritent de passer à la postérité. Il s’agit de Richtersius coronifer, Milnesium tardigradum, Echiniscus testudo et Ramazzottius oberhaeuseri. Parmi ces water bears exposés au vide durant 10 jours à une altitude de 270 km, un groupe allait être préservé de toutes les radiations, deux autres protégés soit des UV-A, soit des UV-B et, enfin, le dernier lot irradié par la totalité du rayonnement solaire.
Après 189 révolutions autour de notre planète, la plateforme de recherche de l’agence spatiale européenne atterrit comme prévu au Kazakhstan, non loin de la frontière russe. Quelques mois plus tard, l’analyse des résultats confirme ce qu’on avait pressenti. Certes, la plupart des tardigrades qui ont subi de plein fouet les UV-B sont morts. Mais presque tous les autres ont pu reprendre leurs activités et même se reproduire malgré avoir enduré le vide, le froid et les ultraviolets de classe A, prodigieusement plus destructeurs là-haut qu’à l’abri de notre atmosphère. On peut en déduire que ces animaux ont des mécanismes de réparation de leur ADN extrêmement efficaces. L’étude de ces anti-mutations est promise à un bel avenir.
La thèse extraterrestre
Cette aventure spatiale réussie devrait-elle nous faire croire, comme le pensent certains, à une origine extraterrestre des tardigrades ? En théorie, ces animaux auraient pu survivre en anhydrobiose à un voyage interplanétaire. Les défenseurs de cette théorie soulignent que leurs extraordinaires capacités de résistance au vide et aux ultraviolets ne leur sont d’aucune utilité sur Terre. Elles auraient en revanche été très utiles pour une colonisation spatiale.
L’idée est plaisante, mais est-elle réaliste ? Quand on analyse la structure intime d’un tardigrade, sa physiologie, sa génétique, sa chimie, c’est l’époustouflante unité du monde vivant qui saute aux yeux. Etrange animal inclassable, le tardigrade n’en a pas moins sa place dans le grand arbre de l’évolution, quelque part entre les nématodes, vers mous et translucides, et les arthropodes articulés, insectes, crustacés ou araignées.
Mais alors d’où viennent-ils, ces phénomènes à 8 pattes ? De l’incroyable explosion créatrice qui a eu lieu dans les océans voilà 600 à 500 millions d’années, quand tout était à inventer et que la vie multicellulaire a forgé ses principaux modèles. Leurs parents les plus proches sont les onychophores, vers tropicaux au corps segmenté qui présentent comme eux des pattes non articulées. Les spécialistes ont joliment baptisé lobopodes ces appendices uniques. Aucun doute : de troublants aliens sont bel et bien nés sur Terre.
Cet article fait partie du dossier
Les tardigrades, ces incroyables oursons miniatures
-
Dessins NatureDessins Nature
Comment dénicher le tardigrade dans les mousses
Abonnés -
ObservationsObservations
Rotifères, nématodes et cie… les habitants des gouttes d’eau
Abonnés -
SciencesSciences
Le tardigrade, quel animal est-il ?
-
SciencesSciences
L’anatomie du tardigrade en détail
Abonnés -
SciencesSciences
4 méthodes de survie des tardigrades
Abonnés -
SciencesSciences
Tout savoir sur la reproduction des tardigrades
Abonnés -
SciencesSciences
La pacifique invasion du monde par les tardigrades
Abonnés -
SciencesSciences
Les tardigrades vivent aussi dans les océans
Abonnés -
SciencesSciences
Comment des tardigrades ont survécu à un voyage spatial
Abonnés -
SciencesSciences
Monsieur Tardigrades
Abonnés -
ObservationsObservations
Comment observer les tardigrades ?
Abonnés
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur