Terre de marais
Les marais du Cotentin et du Bessin offrent une alternance de prairies inondables entrecoupées de fossés, de collines bocagères et de rivières. Un paysage à fleur d’eau ponctué de belles bâtisses en terre crue, caractéristique du « Far West » normand.
Les marais du Cotentin et du Bessin offrent une alternance de prairies inondables entrecoupées de fossés, de collines bocagères et de rivières. Un paysage à fleur d’eau ponctué de belles bâtisses en terre crue, caractéristique du « Far West » normand.
En ce mois de juin ensoleillé, on est bien loin de la « blanchie » qui, entre décembre et mars, donne une tout autre physionomie à ces marais classés zone humide d’importance internationale. « L’eau recouvre tout et arrive jusqu’en bordure du hameau » , raconte un habitant du Bosq. On dit alors que le marais est blanc. Une caractéristique du bas pays, où les limes – des fossés – quadrillent le paysage comme les haies délimitent le bocage.
La vie des roselières
Alors qu’on s’enfonce vers les prairies humides – au propre comme au figuré –, l’oreille est attirée par les chants de la fauvette grisette et du troglodyte. Les buissons se font rares, remplacés par les saules et les plantes typiques des roselières : la grande glycérie ou la baldingère, « une graminée que l’on distingue du roseau par sa ligule membraneuse, alors que le roseau a des poils », détaille Benoît Lecaplain, guide au Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin.
Un bruant des roseaux plonge dans les phragmites qui bordent la lime. Au bord d’une prairie de fauche, une élégante gesse des marais s’offre à nos yeux. Cette jolie légumineuse aux fleurs pourpres est rare et protégée en Basse-Normandie. Ailes tachetées et long « bec », une mouche scorpion décolle sous notre nez. Drôle d’insecte !
Grande richesse floristique
Sur le chemin, une bergeronnette printanière agite la queue. Elle, en revanche, est commune ici, tout comme sa cousine flavéole, croisée plus loin, arborant son plumage jaune vif. De cette même couleur, le pigamon en fleur, une espèce typique de la mégaphorbiaie, cette végétation haute qui ploie sous la brise en bordure des fossés.
Jaunes encore, les utriculaires qui se dressent au-dessus de la surface de l’eau. En s’approchant, on aperçoit la coquille d’une limnée, la plus grande espèce de son genre en Europe, puis une planorbe, autre espèce de gastéropode parmi la trentaine qui peuplent les fossés. Mimétique, une grenouille verte apparaît parmi les grenouillettes, nénuphars à petites fleurs blanches.
Sans transition, le royaume des eaux stagnantes fait place au bocage et aux ajoncs. Pipits, pinsons et hirondelles accompagnent désormais nos déambulations. La présence de l’homme est de nouveau palpable, cet homme qui, grâce à la terre du marais, a bâti de solides édifices.
L’homme et la bauge
Créé en 1991, le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin vient de voir sa nouvelle charte approuvée pour douze ans. Outre un nouvel espace muséographique, dans un bâtiment qui répond aux normes HQE, la Maison du parc propose un sentier d’interprétation de un kilomètre, équipé de bornes ludiques et pédagogiques. Traversant un paysage de prairies inondables, il mène le visiteur au bord d’un plan d’eau équipé d’observatoires. L’été, une promenade de 6 km permet d’aller au-delà.
Ce parc normand s’est notamment distingué par le développement de la filière « terre, chaume et bois » sur son territoire. Jusqu’en septembre 2010, l’exposition « Terre de bâtisseurs » présente les liens entre l’usage traditionnel de la terre crue et son utilisation dans l’habitat contemporain.
Maison du Parc
3, village des Ponts-d’Ouve, à Saint-Côme-du-Mont. Tél. 02 33 71 65 30.
Itinéraire
La balade
La Butte de l’Isle-Main
Durée: 3h00
- Démarrer à droite juste après le clocher de Saint-André-de-Bohon (1), qui a la particularité d’être désolidarisé de l’église depuis son effondrement en 1960.
- Au bout du chemin, prendre à droite vers le marais. On aperçoit le manoir de l’Ange (XIXe siècle) sur la droite.
- Continuer tout droit dans le hameau du Ruet (2).
- Ne pas suivre la direction de la Couillardière, mais tourner au croisement suivant, vers la Planquette, puis le Bosq, jusqu’au hameau du Manoir (3).
- S’enfoncer dans le marais en suivant le chemin jusqu’au bord de la Taute (4). Longer le fossé par la droite et passer un petit pont de bois.
- Au croisement, continuer tout droit (au bord du chemin, remarquer les gesses des marais, protégées dans la région).
- Tourner à gauche (balisage jaune), puis à droite, jusqu’au pont (5). Continuer tout droit, puis tourner à gauche au balisage.
- Le chemin, bordé d’ajoncs, monte légèrement.
- Gagner par la droite les hameaux de Rougeville, puis de la Maçonnerie (6).
- Bifurquer vers la droite et continuer sur la petite route, dans le bocage, jusqu’au hameau suivant (7).
- Au Ruet, emprunter sur la droite le joli chemin enherbé (balisage jaune), puis tourner à droite à la Baslerie. Arrivé dans le bourg, rejoindre le point de départ par la gauche.
Accès en train et en car
Depuis la gare SNCF de Carentan : Bus du réseau Manéo du lundi au vendredi. Ligne n° 1A Carentan-Tribehou. Arrêt Tribehou + 1,8 km (20 minutes de marche) jusqu’à Saint-Georges-de-Bohon.
Rens. +33 (0)800 150 150. mobi50.com
L’idée week-end
Découverte du marais en bateau (barge) jusqu’au 30 septembre, au départ de Port-Jourdan, près de la Maison du parc : sortie de 3 heures (de 9 h 30 à 12 h 30 ou de 15 h à 18 h) ou d’une journée, le samedi, de 9 h 30 à 18 h, en juillet et en août (sur demande le reste de l’année), avec pique-nique à Longuerac le midi et halte à Liesville-sur-Douve.
Sur réservation. Adultes : 11 € ; enfants : 7 €. +33(0) 2 33 42 39 44
Balades fluviales sur la Taute (10 € et 7 €). +33(0) 2 33 55 18 07.
Infos, hébergement
Manche-tourisme : +33(0) 2 33 05 98 70.
Office de tourisme de Carentan : +33(0) 2 33 71 23 50.
Chambres d’hôte-séjour pêche Gîte de France, 2 épis. Saint-André-de-Bohon. +33(0) 2 33 42 27 59.
Gîte Panda Le Marais (2 épis, 5 personnes), 50500 Saint-André-de-Bohon. +33(0) 2 33 71 13 62.
Une bonne table: L’Auberge Polonaise « Chez Hubert », 9, rue Saint-Jean, Saint-Jean-de-Daye. +33(0) 2 33 05 64 54.
Les règles d’or
- Itinéraire possible de mai à octobre, quand le marais n’est plus en eau. A éviter après la pluie.
- Mieux vaut se munir de chaussures imperméables, certains passages restant humides le long des fossés.
- Ne pas sortir des sentiers balisés pour ne pas déranger la faune et les oiseaux nicheurs, ainsi que le bétail.
- Ne pas cueillir de plantes, certaines espèces étant protégées.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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