Tourbières, un monde à part en France

3 questions à Grégory Bernard

Chargé de mission scientifique et technique Pôle-Relais Tourbières Fédération des Conservatoires d’espaces naturels

C’est quoi une tourbière ?

La réponse fait encore parfois l’objet de débats chez les spécialistes ! Pour faire simple, on peut définir une tourbière comme un type de zone humide où la saturation en eau créé un manque d’oxygène qui est favorable à l’accumulation de tourbe. Cette matière est le fruit d’une accumulation des plantes mortes qui ne se dégradent pas complètement dans ces conditions particulières.

Il n’y en a pas qu’en montagne alors ?

Pas du tout ! On a bien souvent en tête l’archétype de la tourbière de moyenne montagne issue du comblement d’un lac glaciaire mais en réalité elles sont loin d’être majoritaires. En France, on trouve de très grandes surfaces tourbeuses à basse altitude, dans les vallées alluviales ou même en zone littorale. L’altitude et un climat froid ne sont pas des conditions indispensables pour l’existence des tourbières. Une des plus grandes du monde se situe d’ailleurs dans la cuvette congolaise, en pleine Afrique équatoriale !

Cet écosystème est-il en danger en France ?

Oui, même si de nombreux moyens permettent aujourd’hui la protection des tourbières (réserves naturelles, Natura 2000, Conservatoires d’espaces naturels, loi sur l’Eau, etc. Le fait est que les anciennes atteintes à ce milieu comme le drainage, les plantations ou l’extraction de tourbe ont des effets toujours à l’œuvre. En outre, les changements globaux et la pression sur la ressource en eau pourraient conduire à l’assèchement de nombreuses tourbières. Enfin, ces habitats stockent une quantité très importante de carbone que leur dégradation pourrait libérer, avec toutes les conséquences que l’on imagine.

Création infographique : Stéphanie Wauters