Tourbières, un monde à part en Suisse

3 questions à Edward Mitchell

Professeur à l’Institut de biologie de l’Université de Neuchâtel, directeur du Laboratoire de biodiversisté du sol

C’est quoi une tourbière ?

Une tourbière est une zone humide dans laquelle la matière organique s’est accumulée au cours du temps : la tourbe. La décomposition de la végétation y est faible car le sol, gorgé d’eau et pauvre en oxygène, empêche la majorité des invertébrés comme les vers de terre d’y vivre. Sans cette faune, les restes de plantes ne sont pas fragmentés et le recyclage des éléments minéraux ne fonctionne pas.

Alors la matière organique s’accumule ?

Oui, à une vitesse de l’ordre de 1 mm par année. Il faut donc environ mille ans pour produire 1 m de tourbe. Au cours des millénaires, les tourbières du monde ont ainsi accumulé d’énormes quantités de carbone, presque autant qu’il y en a dans l’atmosphère.

Cet écosystème est-il en danger en Suisse ?

Oui, 90 % de la surface de tourbières a été détruite et 90 % de celles qui restent sont dégradées. Les menaces qui pèsent sur ces reliquats aujourd’hui en majorité protégés sont d’une part l’assèchement dû à la présence d’anciens drains, au morcellement des surfaces et aux sécheresses estivales, et d’autre part l’eutrophisation principalement provoquée par l’agriculture.

Création infographique : Stéphanie Wauters