Quand le pollen est transporté par le vent
Le vent peut faire l'affaire pour la fécondation de quelques plantes. Démonstration.
Le vent peut faire l'affaire pour la fécondation de quelques plantes. Démonstration.
La grande innovation des plantes à fleurs est d'avoir recouru aux insectes – et parfois sous les tropiques aux oiseaux ou aux mammifères – pour disperser leur pollen. Le végétal, incapable de se déplacer, a trouvé des convoyeurs efficaces. Pourtant, certains de ces végétaux s'en remettent au vent pour faire voyager leurs gamètes. Chez les arbres, c'est le cas du noisetier, du bouleau ou du peuplier. Chez les plantes herbacées, celui des massettes, des plantains ou des graminées. Le vent est extrêmement compétitif pour féconder des espèces sociales où de nombreux individus peuplent de larges surfaces.
Le pollen de ces plantes est dépourvu de l'enduit visqueux des espèces entomophiles. Au contraire, il est sec, petit et léger. Cela rend possibles des relations sexuelles longue distance, par exemple entre des arbres éloignés de plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres.
Sourdes aux bestioles...
Ces plantes anémophiles ne se soucient guère de séduire les insectes. Leurs fleurs n'ont que faire de livrées criardes. Elles sont souvent petites et modestement pigmentées. Nul besoin d'atours lorsque l'on possède d'autres atouts. L'un d'entre eux est la générosité, à savoir des quantités monumentales de pollen aléatoirement dispersées aux quatre vents. Le gaspillage est énorme, mais cette méthode a l'air de fonctionner puisqu'elle est adoptée par 20% des plantes à fleurs européennes. La nature ne s'embarrasse pas de savoir s'il est plus évolué de recourir aux insectes ou d'en revenir au vent. Tant que ça marche...
... Mais folles d'Eole
Si l'anémophilie est l'apanage des plantes anciennes comme les conifères, chez les plantes à fleurs, le vent est apparu bien après les insectes comme instrument de pollinisation. Pour preuve, le cas de l'ortie. Sa fleur produit du nectar et un parfum agréable. A première vue, elle, et probablement ses ancêtres, cherchait à enjôler les insectes. Pourtant, l'ortie compte bel et bien aujourd'hui principalement sur Eole.
L'utilisation du vent oriente l'anatomie vers l'abandon des pétales et des nectaires, ces glandes productrices de nectar. En revanche, les fleurs mâles ont tendance à se regrouper en chatons longilignes et pendants qui offrent une prise maximale au vent. Et au lieu de se cacher dans la corolle, les étamines des graminées possèdent de longs filets que la moindre brise agite à son gré.
Quant aux organes femelles, ils déploient des structures spécialisées pour attraper ce pollen fugace. Voilà pourquoi les exubérants stigmates rouges du noisetier et de la pimprenelle tendent des bras chevelus vers les prétendants qui passent. Un look hirsute séduisant ? En matière de sexe comme en botanique, il semble bien que tous les goûts soient dans la nature.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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