Trois animaux à protéger dans le bocage corse
En Corse, le Conservatoire d’espaces naturels se mobilise pour préserver un reptile, un passereau et un rapace emblématiques du bocage.
En Corse, le Conservatoire d’espaces naturels se mobilise pour préserver un reptile, un passereau et un rapace emblématiques du bocage.
« Avec la tortue d’Hermann, la pie-grièche à tête rousse et le milan royal, on s’intéresse à trois échelles du paysage, chaque espèce étant ambassadrice d’une strate de végétation », commence Manon Ducrettet, chargée de mission au Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Corse. La tortue, au sol, a besoin de plantes herbacées pour se nourrir et de zones ensoleillées pour pondre. La pie-grièche niche dans les arbustes et s’y perche pour repérer ses proies. Le milan, quant à lui, construit son nid dans les grands arbres. Pour agir en faveur de ces trois animaux, l’association est investie dans les plans nationaux d’actions qui leur sont dédiés. « Ces outils de protection de la biodiversité ont pour objectifs l’acquisition de connaissances, la conservation et la sensibilisation », précise Manon Ducrettet.
“Un simple bosquet peut profiter aussi bien à la tortue et à la pie-grièche qu’au milan.
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Les deux oiseaux et le reptile sont notamment menacés par l’expansion urbaine et la fermeture des milieux. « La dynamique de végétation est très forte en Corse. En l’absence de ruminants, une parcelle se couvre de maquis en seulement trois ans, avec des cistes de Montpellier ou des bruyères de plus d’1 m de haut », souligne la chargée de mission. Le pastoralisme, souvent en libre parcours, ne suffit pas toujours à maintenir un habitat favorable avec des zones de végétation rase. Pour l’ouverture de milieux, le CEN recommande d’utiliser des engins légers pour ne pas impacter les tortues. « Un simple buisson peut à la fois servir de refuge aux tortues par forte chaleur, accueillir un nid de pie-grièche et offrir un gîte aux lapins, qui sont des proies du milan », explique la naturaliste.
Le CEN a équipé des milans de balises GPS grâce à des financements du programme européen Life Milvus dédié au rapace. Les données complétées par un suivi de terrain ont permis d’identifier une dizaine de dortoirs hivernaux. « La Balagne, une région du nord-ouest de l’île, détient le record du monde de densité de milans royaux ! », s’exclame Manon Ducrettet.
Depuis 2006, l’association recense les tortues d’Hermann dont le territoire est morcelé par l’urbanisation du littoral, principale menace pour le reptile qui souffre aussi de prélèvements. « Il est commun que des gens emportent des tortues pour les mettre dans leur jardin », regrette Marie-Paule
Savelli, chargée de projet faune au CEN.
Concernant la pie-grièche à tête rousse, un des objectifs est d’identifier les différents bastions de population. Ce passereau, qui se raréfie notamment à cause du déclin des insectes, a besoin d’une mosaïque de paysages diversifiés. Or, « les grandes parcelles agricoles, avec peu de haies ou de bosquets, ne répondent pas aux besoins de cet oiseau », conclut Manon Ducrettet.
Pour amplifier ses actions de terrain telles que les inventaires, le CEN souhaite densifier son réseau de bénévoles. Avis aux Corses amoureux de nature .
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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