Sylviculture, en Suisse, une association milite pour une exploitation durable
A Val-de-Ruz, une association citoyenne milite pour prendre part aux décisions concernant leur forêt. Objectif : une sylviculture plus durable.
A Val-de-Ruz, une association citoyenne milite pour prendre part aux décisions concernant leur forêt. Objectif : une sylviculture plus durable.
Dans la commune neuchâteloise de Val-de-Ruz, plus d’un tiers du territoire est boisé. Pas étonnant que les habitants soient aussi attachés à ce poumon vert. Paradoxalement, ils sont rarement invités à donner leur avis sur la gestion de ce riche patrimoine naturel. C’est ce que souhaite faire changer l’association Philodendron, dont le nom peut se traduire par « j’aime les arbres ». « Les réflexions autour du rapport à la forêt ne doivent pas revenir uniquement aux autorités et professionnels qui appliquent une sylviculture conventionnelle. Ces thèmes concernent tous les citoyens », explique Fabrice Plomb, l’un des membres fondateurs.
L’idée d’un collectif est née d’une série d’indignations : abattages de grande ampleur, interventions de lourdes machines qui ont abîmé des arbres et tassé le sol, tas de bois de vente laissés à l’abandon. « Et puis, une nuit d’octobre 2020, de grandes quantités de déchets bitumineux issus de la réfection d’une route ont été amenées ici pour en recouvrir les chemins forestiers. Imaginez tous ces hydrocarbures s’infiltrer partout avec la pluie… », se souvient Philippe Vauthier, cofondateur. Heureusement, face aux réactions, la commune cessera à l’avenir d’utiliser ce matériau pour éviter une pollution des eaux souterraines.
“Il est important de laisser les vieux arbres pour soutenir les plus jeunes.
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« Après ces événements, nous avons ressenti le besoin d’agir pour notre forêt », poursuit Philippe. Sociologue, ébéniste, enseignante, biologiste, bûcheron ou promeneur… une douzaine de motivés s’organisent. Ils profitent des conseils de l’ingénieur forestier Ernst Zürcher, auteur du livre Les arbres, entre visible et invisible, et s’intéressent de près à la démarche de la commune de Burtigny (VD) qui tient le pari d’une sylviculture durable. Très vite, Philodendron propose des conférences, projections de films et débats sur la manière d’instaurer un meilleur équilibre entre le vivant et les activités humaines. En juin, les bénévoles ont procédé à un recensement des arbres dont le tronc mesure plus de 60 cm de diamètre sur une première zone de 7 ha. « Il reste très peu de ces spécimens et la plupart sont des sapins ou des épicéas, aucune diversité, déplore Fabrice. C’est notamment dû aux pratiques sylvicoles habituelles qui visent à rajeunir sans cesse les peuplements. Or, on sait aujourd’hui qu’il est important de laisser ces vieux et grands arbres pour soutenir les plus jeunes. »
Prochaine étape : demander aux autorités communales de protéger ces vénérables. « Nous espérons être entendus et que notre association deviendra un partenaire de décision », avance Philippe. La démarche semble intéresser les nouveaux ingénieurs et gardes forestiers en poste. « Ils aimeraient être informés de nos réflexions, en particulier sur l’usage d’une scie mobile qui épargne les sols. Nous leur proposerons d’assister à nos activités », se réjouit Fabrice. Un signal positif qui conduira peut-être à une évolution de la gestion forestière sur les hauts de Neuchâtel.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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