La Venoge de mares en île
Le long de la Venoge, mythique rivière vaudoise, il reste des coins de paradis aménagés pour la nature. Marchons à la découverte de ces oasis de verdure.
Le long de la Venoge, mythique rivière vaudoise, il reste des coins de paradis aménagés pour la nature. Marchons à la découverte de ces oasis de verdure.
Au milieu de la végétation luxuriante apparaissent deux étangs de 3 000 m2 chacun. Alimentés par la belle Venoge qui coule à deux pas, ces plans d’eau offrent un espace de vie rêvé pour les nombreux animaux de la région d’Aclens, dans le canton de Vaud. Des paradis devenus rares dans la ceinture lausannoise. « J’y ai observé des bécassines, des râles d’eau, des crapauds calamites, des couleuvres à collier, des tritons alpestres et bien d’autres », se réjouit Lionel Maumary. Le biologiste est responsable du suivi environnemental du lieu. Aménagées il y a tout juste vingt ans, ces mares ont compensé la perte d’un très bel étang naturel, comblé pour permettre la construction d’un centre de distribution.
Les étangs de la seconde chance
La faune et la flore ne se sont pas fait prier pour coloniser ce nouvel environnement, situé à quelques mètres de l’ancien. « Comme le terrain avait servi de pâturage, le sol était très riche en azote, ce qui a fait pulluler les algues dans un premier temps, se souvient notre guide. Mais petit à petit, elles se sont résorbées et la vie a explosé. »
Postés au bord de l’eau, nous restons silencieux pour observer les habitants du lieu. Mais cette tranquillité est soudain brisée par un train de marchandises lancé sur la voie de chemin de fer toute proche. « On pourrait croire que le vacarme des engins industriels, des voitures ou des avions dérange les animaux sauvages. En réalité, si ces bruits sont répétitifs et donc prévisibles, la faune s’y habitue très vite, assure Lionel Maumary. Certaines espèces chassées qui craignent les chiens, comme la bécasse ou le sanglier, recherchent même la proximité des autoroutes, car ce sont des zones où elles croisent moins de promeneurs avec leurs compagnons. » Plus certainement qu’un sanglier, c’est un constructeur de barrages que l’on peut espérer voir ici. Au centre de la mare flottent des branches et des troncs. « Ils ont été apportés par un castor, affirme le biologiste. On voit même exactement où il est entré et sorti de l’eau, l’herbe est encore aplatie. » Son chemin se dessine dans la végétation. Il relie l’étang à la rivière. « Une famille de ces rongeurs fréquente le site. On en trouve tout le long de la rivière », poursuit-il.
Une île de plumes
Il est temps de se remettre en route le long des méandres de la Venoge jusqu’à son embouchure dans le lac Léman. A 100 m au large, une île artificielle offre une escale de choix aux oiseaux migrateurs. Réalisé en 2001 après presque vingt ans d’études et de négociations, ce projet baptisé Ile aux oiseaux a été porté par les milieux ornithologiques de la région. Courlis, chevaliers, gravelots, pluviers et tant d’autres ont depuis adopté l’îlot. Et s’ils l’aiment tant, c’est que les rives non urbanisées sont rares sur le pourtour du lac. Or, les berges sableuses sont indispensables à la subsistance et au repos des oiseaux migrateurs. « L’idée était de recréer un rivage naturel, explique l’ornithologue initiateur du projet. Au printemps, quand le niveau de l’eau diminue, les hauts-fonds émergent tout autour de l’île et fournissent une source de nourriture idéale. »
Réserve protégée et interdite d’accès, l’île est un espace de tranquillité. « A l’époque, je devenais fou en voyant les oiseaux s’envoler, dérangés par les chiens », se remémore le passionné. Aujourd’hui, une signalisation, encore trop souvent non respectée, indique que les chiens doivent être tenus en laisse sur la rive. Côté lac, ce sont les adeptes du paddle qui ont tendance à ne pas suivre les consignes.
Un nid sécurisé
A côté de l’île, une plate-forme sur pilotis, hors de portée des prédateurs, a aussi été construite spécialement pour favoriser la nidification d’un oiseau rare, la sterne pierregarin. Aux jumelles, on devine la tête d’un oisillon. « Vous voyez sa calotte noire ? Elle passera l’hiver dans le golfe de Guinée avant de peut-être revenir ici », avance Lionel Maumary. A l’origine, ces sternes nichaient sur des bancs de galets à l’embouchure des rivières. Entre les dérangements et les aménagements multiples, ce n’est plus possible aujourd’hui. Bientôt, un deuxième atoll sera créé à la hauteur de l’embouchure de la Chamberonne, une rivière voisine. Une initiative qui devrait plaire à la gent ailée… et aux curieux de nature.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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