Des vergers à croquer
Comment lutter contre la disparition des arbres fruitiers à hautes tiges ? En participant cet automne à l'action SOS Vergers lancée par l'association Rétropomme. Appel aux volontaires.
Comment lutter contre la disparition des arbres fruitiers à hautes tiges ? En participant cet automne à l'action SOS Vergers lancée par l'association Rétropomme. Appel aux volontaires.
Cuisse d'âme, tabatière, culotte suisse panachée, sept en gueule... Ces noms savoureux, échantillons de la diversité des vergers d'autrefois, chatouillent la curiosité. Si vous souhaitez planter des arbres fruitiers, vous serez séduit par ces variétés aux fruits oubliés... et aujourd'hui retrouvés.
A la racine du problème
« Les arbres fruitiers ont été décimés par les campagnes d'arrachage des années 1950, motivées par la lutte contre l'alcoolisme, explique Boris Bachofen, responsable du projet SOS Vergers de l'association Rétropomme. Le feu bactérien et la banalisation de productions horticoles de masse avec des arbres basse-tige, plus pratiques pour la récolte, n'ont rien arrangé. »
Pascal Olivier, conseiller agricole à la Chambre neuchâteloise d'agriculture et de viticulture, complète cette analyse : « La majorité des vergers à hautes tiges ont disparu. Ceux qui restent sont menacés par l'urbanisation. Généralement plantés en périphérie des villages, ils sont en première ligne quand ces derniers s'étendent. » Pour lutter contre cette érosion arboricole et conserver ce patrimoine, il faut retrouver puis cultiver à nouveau les variétés traditionnelles. Rétropomme, sur le site de Pierre-à-Bot, à Neuchâtel, en a fait son credo. Un travail colossal.
L'association se concentre sur les arbres fruitiers romands et assure aujourd'hui la conservation de plus de 500 sortes de pommiers, poiriers, cerisiers ou pruniers. Au niveau national, Pro Specie Rara gère de son côté plus de 8000 variétés anciennes. « Conserver, c'est bien, mais ce serait dommage de s'y limiter, soutient Boris Bachofen. Nous souhaitons faire découvrir ces variétés au public afin qu'elles repassent des conservatoires aux jardins et aux vergers. »
Arbres à la carte
Paré à l'action ? Première question : quel arbre sélectionner ? Le choix est à faire mûrir en fonction de ses propres goûts mais aussi selon la place dont on dispose, l'exposition du terrain ou encore la qualité du sol. Puis il faut s'armer de patience : « Nous produisons toujours quelques plants d'avance, mais il est impossible d'en prévoir de chaque sorte. Mieux vaut donc commander un an à l'avance la variété de son choix » , recommande Boris Bachofen.
La bonne taille
L'aventure ne s'arrête pas là.
« Planter ne s'improvise pas, il faut choisir la bonne profondeur, adapter les distances et s'occuper du jeune fruitier encore fragile »
, met en garde le responsable de SOS Vergers.
Gertrud Burger, de l'association Pro Specie Rara, insiste :
« Parfois, les gens ne réalisent pas que les arbres tout juste en terre nécessitent un gros suivi. »
Pendant les premières années, la taille va en effet définir la structure du fruitier, avec ses branches principales appelées charpentières.
Ce savoir, Rétropomme souhaite le transmettre dans le cadre de l'opération SOS Vergers officiellement lancée cet été.
« Nous allons assurer des cours gratuits de plantation, de soins et de greffage, avec des conseils et un suivi garanti sur cinq ans minimum au sein d'unités correspondant à 25 arbres plantés dans une même région. Particulier, agriculteur ou jardinier, chacun peut participer. Et si vous souhaitez juste planter l'une ou l'autre variété, ce n'est pas grave. Rétropomme recherchera dans votre région d'autres personnes motivées avec lesquelles former un groupe suffisant. »
A moins qu'en en parlant autour de vous, vous n’arriviez à semer des petites graines et créer des vocations d'arboriculteurs...
Hautes-tiges et biodiversité
Planter un pommier ou un poirier haute-tige, c'est investir dans la durée. Avec une espérance de vie pouvant dépasser 100 ans, ces arbres ne sont en rien comparables avec des basses-tiges, qui produiront peut-être plus vite mais dépasseront rarement 30 ans. Apportant hauteur et variété, ils serviront de refuge à de nombreuses espèces. Des hautes branches, où certains passereaux construiront leur nid, en passant par l'écorce — à la structure accueillante — ou par leurs cavités favorables aux cavernicoles, ils seront un plus pour la nature. Pour faire mieux encore, on pourra poser des nichoirs, à l'instar de l'association SORBUS dans les vergers de Rétropomme. Cela favorisera notamment l'installation du torcol fourmilier.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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