Écolo de pied en cap
Longtemps cantonnée au sportswear, l’offre du vêtement écologique s’étoffe. Mais il ne suffit pas à une fibre d’être naturelle pour être respectueuse de l’environnement. Décryptage de labels et bons réflexes à adopter.
Longtemps cantonnée au sportswear, l’offre du vêtement écologique s’étoffe. Mais il ne suffit pas à une fibre d’être naturelle pour être respectueuse de l’environnement. Décryptage de labels et bons réflexes à adopter.
Un Européen achète en moyenne 14 kg de textiles en une année. Sur cette quantité, la production bio représente une aiguille dans un écheveau de laine ! « On pourrait penser que les fibres naturelles sont plus écologiques que leurs cousines synthétiques, dérivées du pétrole. La réalité est bien plus compliquée » , note Norbert Michaut, consultant formateur à l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH).
Quand on sait qu’il faut 2700 litres d’eau et 150 g de pesticides pour cultiver le coton nécessaire à la production d’un seul t-shirt, il y a matière à être chiffonné ! Près du quart des pesticides utilisés dans le monde est englouti dans la production du coton alors que cette culture n’occupe que 2,4 % de la surface agricole.
Efforts insuffisants
On peut saluer le retour du lin et du chanvre, moins exigeants à cultiver, mais c’est sans compter les traitements agressifs infligés. « De nouvelles réglementations et de nouveaux procédés limitent l’impact de l’industrie textile sur l’environnement, rassure Norbert Michaut. La réglementation Reach a réduit l’utilisation de produits nocifs et l’on utilise aujourd’hui quatre fois moins d’eau pour un cycle de teinture. » Avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’IFTH a aussi mis au point des procédés de teinture sans eau qui réduisent considérablement les consommations énergétiques.
Fringues d’avenir
Viscose de bambou, Lyocell (à base de cellulose de bois), Seacell (à base d’algues), de nouvelles fibres ont vu le jour. Issues de ressources agricoles ou de déchets, elles permettent de diminuer la dépendance en pétrole. Une société américaine a développé une fibre à base d’amidon de maïs sous la marque Ingeo, et l’on peut très bien imaginer à l’avenir un produit similaire en Europe à base de betterave.
« Comme pour les biocarburants, la question est de savoir s’il est pertinent d’utiliser des matières nobles pour en faire des fibres, remarque Norbert Michaut. L’utilisation de déchets de bois non récupérés comme le Lenpur, de la pulpe de pin blanc, me semble une meilleure voie. » Le problème, pour le consommateur, est de savoir dans quelle mesure il a affaire à un procédé de fabrication polluant. Souvent vendue comme un produit naturel, la viscose de bambou, par exemple, nécessite de nombreux produits chimiques et, suivant la réglementation du pays où elle est transformée, peut s’avérer très polluante.
A ce titre, les certifications peuvent nous aider à mieux acheter. Difficile toutefois de s’y retrouver parmi la cinquantaine de labels existants reposant sur des référentiels différents. Au consommateur de se montrer aussi exigeant que vigilant.
5 astuces pour une garde-robe écol’eau
- Choisir des vêtements de bonne qualité et donc à longue durée de vie.
- Laver à basse température, avec des produits écologiques.
- Utiliser le lave-linge à pleine charge, ou en mode demi-charge si à moitié rempli.
- Acheter un nouveau modèle ? Optez pour une classe A ou A+ topten.ch ou topten.fr
- Evitez le sèche-linge : une grosse économie d’énergie qui permet d’éviter de repasser vos habits !
A sec, impec !
La quasi-totalité des pressings utilise du perchloréthylène, dont la toxicité est avérée. Si vous ne pouvez éviter le nettoyage à sec, il est fort conseillé d’aérer les habits avant de les ranger. Trois alternatives au « perchlo » existent :
- Le siloxane D5 : ce solvant dérivé du silicone est très peu volatil. Il est utilisé dans 2100 pressings dans le monde via une technologie baptisée GreenEarthTM.
- Le KWL : moins gourmande en eau et en énergie, la technique Ipura pulvérise cet hydrocarbure moins toxique que le perchlo.
- L’aquanettoyage se fait à base d’eau. Les technologies diffèrent toutefois selon les enseignes (Aqualogia, Baleo, Lav’Pro, Nature et Propreté… et les détergents utilisés ne sont pas forcément écologiques. Il faut se renseigner.
Que labellisent les labels ?
Ecocert se fonde sur le référentiel international GOTS (Global Organic Textile Standard), qui intègre toutes les étapes de transformation, de la fibre au produit fini. Le recours aux métaux lourds, formaldéhydes, enzymes OGM et amines cancérigènes est interdit.
OEKO-TEX® Standard 100 est un système international de contrôle qui exclut ou limite les substances nocives. Plus le contact avec la peau est intense, plus les critères à respecter sont stricts.
Max Havelaar a lancé une filière de coton équitable adoptée par plus de 40 marques (Armor Lux, Kindy, Vert Baudet, Migros…) Ce coton n’est pas bio, mais garanti sans OGM, et sa culture plus respectueuse du producteur (prix minimum garanti) et de l’environnement.
[ bioRe](http:// www.biore.ch) « Mode, responsabilité éthique et succès commercial ne s’excluent pas mutuellement », estime Patrick Hohmann, directeur de l’entreprise suisse Remei AG, à l’origine du label. Créé il y a une vingtaine d’années, ce label présent chez Monoprix et Coop (Naturaline) répond à cinq critères : coton bio, bonnes conditions de travail, blanchiment sans chlore et teintures sans produits toxiques, qualité de la production et transparence sur toute la filière. En 2013, Remei AG entend présenter un bilan carbone neutre.
[IMO](http:// www.imo.ch) Présent dans 90 pays, cet autre label suisse valide l’origine biologique du textile, la traçabilité du coton et de la laine, l’application de teintures sans colorants cancérigènes, l’absence de substances allergènes ou de métaux lourds, et le respect de bonnes conditions de travail.
L’Ecolabel européen est encore rare sur le marché. Il concerne surtout les étoffes. Ce label limite les résidus de substances dangereuses tout en garantissant une réduction de la pollution de l’air et de l’eau durant la production des fibres, une résistance au rétrécissement durant le lavage et le séchage, ainsi qu’une résistance des couleurs à la transpiration, au lavage, au frottement et à la lumière.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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