© Sylvain Leparoux

Eaux de vie

Sols détrempés, talus dégoulinants. Après l'hiver, voici venue l'heure des flaques ! Ces points d'eau le plus souvent éphémères sont visités par une armada de bêtes en tout genre.

Sols détrempés, talus dégoulinants. Après l'hiver, voici venue l'heure des flaques ! Ces points d'eau le plus souvent éphémères sont visités par une armada de bêtes en tout genre.

Petit bras de rivière temporaire
Petit bras de rivière temporaire / © Sylvain Leparoux

Sous les rayons d'un pâle soleil, la nature se débarrasse de la saison froide. Fonte des neiges et précipitations printanières s'unissent pour saturer les sols en eau, donnant vie à de nouvelles flaques. Ces univers à part entière sont fréquentés par des visiteurs insolites attirés, entre autres, par la présence d'une source désaltérante. Un va-et-vient de chevreuils, de renards, de blaireaux et parfois de cerfs se succède nuit et jour, croisant oiseaux en mal de toilette et amphibiens cherchant un lit pour leurs amours.

En bordure, des traces plus ou moins profondes de sabots, coussinets, pattes ou griffes témoignent de passages répétés.

Alors que certains oiseaux sont des adeptes des bains de poussière ou de soleil, d'autres pratiquent le bain aquatique. Il n'est pas rare d'observer des passereaux s'agiter et se secouer dans une mare printanière en éclaboussant des billes d'eau sur leur plumage.

Fréquent chez les pinsons, le bain répond à une double fonction : calmer la soif due à un régime alimentaire granivore et soigner le plumage en le débarrassant de ses parasites.

La tête seule dépassant de l'eau, des crapauds et des grenouilles coassent. Cet hymne à la vie représente la défense du territoire et la recherche d'un partenaire. En fin d'hiver, c'est le moment de la reproduction pour certains amphibiens. Parmi les premières espèces à quitter les zones d'hivernage, les grenouilles agiles et les grenouilles rousses rejoignent les flaques où elles sont nées lors des premiers redoux de février. Mettez vos bottes et soyez attentifs lors des premiers dégels !

dessin d'accouplement de crapauds
« Chez les crapauds, le long ruban d'oeufs est déposé et immédiatement fécondé par le mâle. Deux semaines plus tard, les tétards éclosent. » / © Sylvain Leparoux

Par quelque tiède soirée humide, le crapaud commun anime le début du printemps avec un spectacle extraordinaire : la migration entre les sites d'hivernage et de reproduction. Les plans d'eau permanents et profonds, rechargés par les fontes des neiges et les pluies, sont préférés aux flaques temporaires.

Bien qu'elle ait une prédilection pour les petites rivières, la salamandre tachetée dépose parfois après l'accouplement terrestre ses 10 à 30 larves dans des petites mares forestières suffisamment oxygénées. Peu à peu, l'eau s'infiltre dans le sol et s'évapore. De nombreuses mini-mares s'assèchent, condamnant les organismes arrivés trop tard. Ces fentes de dessiccation sont les témoins des inondations et des assèchements répétés. Les argiles du fond gercées, le temps des flaques est terminé.

la flaque se déssèche
Inondations et assèchement répétés laissent des fentes de dessication dans les sols. / © Sylvain Leparoux
dessin de flaque
Mare temporaire / © Sylvain Leparoux

Flaque ou pas?

La topographie, la granulométrie du sol et la proximité de la nappe phréatique sont déterminantes pour l'existence ou non des flaques. L'eau s'accumule plus facilement dans des cuvettes, surtout si de fines argiles imperméabilisent le fond. Dans un sol limoneux, la taille des particules permet la remontée de l'eau par capillarité, alors que le sable est trop grossier pour présenter ce phénomène.

dessin d'accouplement de crapauds
Accouplement de crapauds communs. / © Sylvain Leparoux

Insolite

Chez le crapaud commun, les œufs et les larves contiennent une toxine protectrice. Cette adaptation permet à l'amphibien de se reproduire avec succès malgré la présence du triton alpestre ou de poissons, tous prédateurs de nombreuses autres espèces d'amphibiens.

Dessin de larve de salamandre
« Larve de salamandre captive le temps de quelqeus croquis dans le verre d'aquarelle. » / © Sylvain Leparoux

L'abaissement du niveau de l'eau et un nombre trop élevé de larves de salamandre peuvent provoquer une pénurie de nourriture qui déclenche une vague de cannibalisme !

En pratique, retrouvez ici nos conseils observer dans les flaques.

Couverture de La Salamandre n°208

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 208  Février - Mars 2012
Catégorie

Biodiversité

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