© Hélène Tobler

Cet article fait partie du dossier

Portraits de friches

Visite d’une friche en pleine ville

Balade dans La Réserve de Gerland, un mouchoir de poche lyonnais où se côtoient le sauvage et le jardiné et où se cultive la vie en société.

Balade dans La Réserve de Gerland, un mouchoir de poche lyonnais où se côtoient le sauvage et le jardiné et où se cultive la vie en société.

© Hélène Tobler

Les herbes folles

Dans la partie ouest de La Réserve , la végétation spontanée de la friche peut se développer librement. « Les graminées ont tendance à prendre le dessus et la flore n'est pas très riche. Nous avons donc recréé trois zones pionnières, où des annuelles et des bisannuelles, comme les chénopodes et les bouillons blancs, ont été semées » , raconte François Wattellier. Des espèces américaines ou asiatiques, comme l'onagre et la rose trémière, ont aussi droit de cité « car elles font partie de la ville et donnent de la hauteur au paysage » . Pour l'instant, les papillons se font encore rares mais, l'été précédent, les enfants du quartier ont pu observer une mante religieuse. Un cairn a été dressé pour les lézards et des petits points d'eau seront bientôt créés pour les insectes aquatiques.

Le centre de la friche La Réserve offre aux artistes une espace de création. / © Hélène Tobler

Le coin des artistes

Le centre de la friche est un espace de rencontre et de créativité. Céline Dodelin anime ici des ateliers de peinture et de modelage pour les enfants, qui décorent ensuite de leurs œuvres éphémères l'arbre à palabres , un bouquet de boutures de saules. Chaque année, des animations théâtrales et des concerts sont aussi proposés aux jeunes et moins jeunes publics. « A chaque événement, nous organisons un pique-nique et faisons des confitures ou des sirops avec les produits du jardin. Ce sont des moments très forts où des liens se tissent entre les différentes cultures du quartier » , se réjouit Céline.

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Les carrés gourmands

Huit bacs surélevés d'où débordent cucurbitacées, haricots et feuilles de rhubarbe s'alignent du côté de La Réserve gourmande . « Comme le sol est contaminé par des métaux lourds industriels, nous devions soit remplacer toute la terre, soit cultiver dans des bacs isolés, explique François Wattellier. Nous avons préféré la solution la moins chère. » Les familles qui cultivent les carrés paient une inscription symbolique et respectent un règlement collectif. En pratique, elles choisissent, commandent, puis sèment les graines ensemble. « L'arrosage se pratique individuellement, selon la disponibilité de chacun, mais la récolte se fait aussi en commun », souligne Céline. Si beaucoup d'habitants doutaient au début de la réussite du projet, les légumes et le sourire des jardinières sont aujourd'hui la plus belle des récompenses.

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Semer des petites graines

Non loin de La Réserve, l'Atelier des Friches a investi quelques mètres carrés de pelouse maltraitée, située au pied d'un foyer de travailleurs immigrés, principalement des Algériens à la retraite. Un banc bien placé et quelques semis de tomates et de menthe, une plante essentielle en Afrique du Nord, ont suffi à susciter l'intérêt de quelques résidents. « Le jardin est arrosé et entretenu mais on ignore par qui. Il apporte un peu de vie et de couleur au pied de l'immeuble et valorise aussi ceux qui s'en occupent » , insiste Céline Dodelin.

Mieux qu'une dent creuse

A Villeurbanne, dans un quartier en pleine métamorphose, les autorités ont confié à quelques artistes la mise en valeur des « dents creuses », ces surfaces libérées par la destruction d'un immeuble. Dans La Friche rouge , Céline et François ont semé quelques espèces pionnières et rudérales comme le mouron rouge, puis ils vont suivre la dynamique naturelle de la végétation. « Nous avons 15 ans devant nous pour sensibiliser les habitants et les cantonniers à l'intérêt des mauvaises herbes et des abeilles sauvages. » Ensuite, un nouveau bâtiment sera construit...

L'envahisseur chinois

Parmi les arbres pionniers qui colonisent les friches locales, l'ailante ou vernis de Chine figure en bonne place. Cette espèce asiatique a été autrefois introduite et cultivée dans la région lyonnaise comme nourriture pour le bombyx de l'ailante, un papillon de nuit élevé pour la production de la soie. Amateur de soleil et de sols pauvres, très tolérant à la pollution, l'ailante est devenu une espèce invasive dont il est difficile de se débarrasser. Il pousse très vite et drageonne dès qu'on le coupe. En règle générale, dès que des arbres commencent à prospérer dans une friche urbaine, les propriétaires interviennent rapidement pour faire place nette.

Originaire d'Asie, l'ailante est devenue une espèce invasive en Europe / © Jérôme Gremaud

Une friche en chiffres

1600 m2 de friche valorisée

20 familles adhérentes en 2011

5 ou 6 visites guidées par an depuis 2009

60 kg de légumes récoltés en 2011

En pratique

Comme Michaël Falkowski, répandez les herbes folles autour de vous !

Récoltez des graines de plantes des friches pour les inviter dans vos jardins, un beau geste à faire pour la biodiversité.

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Portraits de friches

Couverture de La Salamandre n°209

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 209  Avril - Mai 2012, article initialement paru sous le titre "Brouillon de cultures"
Catégorie

Écologie

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