L’arbre qui cache les chauves-souris
Les chauves-souris ne sont pas toutes dans les grottes, loin de là. Jean-Christophe Gattus, du réseau mammifères de l’ONF, nous raconte que barbastelles et autres murins ont un faible pour la forêt.
Jean-Christophe Gattus, il y a des chauves-souris en forêt ?
Oui, la forêt est un des milieux les plus attractifs pour les chauves-souris. Presque toutes les espèces européennes peuvent y être rencontrées à un moment ou à un autre de leur vie. Pour les gîtes de reproduction, les terrains de chasse ou le transit par exemple. Pas mal de chiroptères sont même arboricoles, occasionnellement ou en permanence. La barbastelle d’Europe, par exemple, occupe surtout des écorces décollées sur des arbres vieux ou morts. Elle est capable de passer l’hiver dans des arbres. D’autres comme le murin de Bechstein auront une préférence pour les grandes cavités de type loges de pics. Les espèces arboricoles doivent changer souvent de gîte au cours de la saison.
Quelle affaire d’inventorier et recenser de tels animaux dans un habitat aussi dense !
En effet les études en forêt sont parfois complexes, surtout à cause de la troisième dimension qu’impose la hauteur des arbres. L’écoute de l’activité acoustique, c’est à dire les ultrasons émis par les animaux en déplacement, reste la méthode principale pour étudier les chauves-souris d’une forêt. Mais les détecteurs ne permettent pas de capter les espèces les plus discrètes lorsqu’elles sont en canopée. On doit alors grimper dans les arbres pour observer les gîtes ou installer des micros en hauteur. Quant à recenser les effectifs en forêt on en est loin tant la tâche est lourde, on peut tout de même faire appel à des estimations statistiques quand on a suffisamment de données.
Quels sont les enjeux de conservation des chiroptères en forêt ?
La forêt européenne a moins souffert de destructions brutales que d’autres écosystèmes comme les milieux humides, agricoles et pastoraux en plaine. Elle représente un refuge très important pour les chauves-souris. Conserver ces bêtes en forêt passe par la sauvegarde de leurs gîtes et par une qualité globale du milieu pour leurs proies les insectes, avec une bonne continuité écologique entre les zones favorables. Concrètement cela passe par une trame de vieux peuplements avec une structure diversifiée. Pour les gîtes, il faut un bon réseau d’arbres à cavités : une même colonie peut en utiliser plus d’une centaine sur l’année ! Une vision dynamique de la forêt est fondamentale : apparition et disparition d’arbres gîtes par évolution naturelle ou par coupe, vieillissement de parcelles, etc.
Propos recueillis par Jean-Philippe Paul
Illustration : Murin de Bechstein par Jean Chevallier, à retrouver en entier dans La Salamandre 230.
Infos sur ONF.
Infos sur les chauves-souris en forêt à Neuchâtel.
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