Traque aux petits murins
Dans le sud du département du Jura, des biologistes noctambules mènent une drôle d’enquête. Armés d’antennes et de lampes frontales, ils suivent toute la nuit des chauves-souris sans les voir.
Dans le sud du département du Jura, des biologistes noctambules mènent une drôle d’enquête. Armés d’antennes et de lampes frontales, ils suivent toute la nuit des chauves-souris sans les voir.
En cette chaude soirée du 25 juin, une quinzaine de passionnés sont réunis au gîte pour préparer la première nuit de radiotracking. Le matériel est soigneusement organisé et réparti entre six équipe de deux ou trois traqueurs. GPS, cartes, lampes, fiches de suivi, talkies-walkies, récepteurs et antennes… un véritable arsenal pour une mission pas comme les autres. En vue d'un prochain dossier d'octobre sur les chauves-souris, La Salamandre y était...
Mission homing-in
Objectif ? suivre précisément trois femelles de petits murins pour trouver leurs lieux de chasse favoris. Elles ont été capturées le matin même dans la colonie, puis équipées de petits émetteurs qui se décrocheront naturellement dans quelques jours.
21h45 : non loin de l’entrée de la grotte, une équipe reçoit enfin les signaux des trois bêtes. Ça y est, elles sortent ! Il faut informer les cinq autres équipes réparties sur les points hauts alentours dans un rayon de quelques kilomètres. Coups de téléphones et discussions au talkie-walkie, la nuit est lancée, il n’y aura plus de temps mort jusqu’à l’aube. Seule la femelle petit murin « n°5 » sera suivie précisément. Les autres ont souvent échappé aux antennes des mammalogistes.
01h15 : grâce au croisement des informations simultanées de plusieurs équipes – ce qu’on appelle une triangulation – un lieu de chasse a été identifié. Les signaux de l’émetteur sont forts et précis, le petit murin doit être tout près : c’est le homing-in, c'est-à-dire la localisation précise. Une belle prairie pâturée par quelques chevaux en bordure d’une ripisylve et d’un ruisseau, à 3 km de la grotte. Les grandes sauterelles vertes chantent. Muriel et Cédric sont sur le qui-vive. Chance, ils réussissent même à apercevoir la bête de 40 cm d’envergure en vol!
04h25 : plusieurs équipes sont postées non loin de la grotte pour confirmer le retour des trois femelles de petit murin. Bip bip bip. C'est bon, elles rentrent à la colonie. Place à la vie diurne…
Une espèce sous surveillance
Il n’y a que deux stations connues de petit murin dans toute la Franche-Comté. Chauve-souris méridionale, elle est en limite d’aire de répartition dans cette région. La colonie surveillée ce soir compte seulement 20-60 individus. L’imprécision vient du fait que des grands murins et des minioptères sont mélangés aux petits murins. Une chance, car plus les chauves-souris sont nombreuses, plus elles réchauffent leur environnement. Quand la grotte est à 10°C par exemple, il peut faire 35°C au cœur de l’essaim. Ce sont des conditions indispensables pour la reproduction.
Le suivi télémétrique des petits murins dure plusieurs jours. Cartographier au mieux les prairies et pelouses utilisées en chasse par les femelles gestantes puis allaitantes, puis ensuite par les jeunes, sera la condition essentielle pour protéger le réseau d’habitats autour de la grotte de reproduction.
Rendez-vous avec les incroyables chauves-souris dans le dossier d'octobre prochain de La Salamandre.
Infos : CPEPESC Franche-Comté
Photo : Jean-Philippe Paul
Dessin : Yann Le Bris
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