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Je m’abonneInstallez une vigne sur un arbre de votre jardin
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Famille
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Adulte
8-12 ans
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2h
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Automne
Saviez-vous qu’un savoir-faire millénaire permet d’avoir du raisin tout en favorisant la vie sauvage au jardin ? Aménagez une vigne sans pépin !
« Quelle drôle de trogne… » Tandis que Nathan et Camille discourent sur l’allure d’un étrange arbre têtard, mon regard s’arrête sur un détail inhabituel. Les enfants finissent également par remarquer la mystérieuse liane qui parcourt son tronc nu et bosselé jusqu’à sa grosse tête. « Incroyable, du raisin ! » Cette curieuse association d’un arbre et d’une vigne rappelle une méthode abandonnée depuis longtemps, mais qui était facilement visible dans nos campagnes jusqu’au début du XX esiècle.
Les hautains, c’est ainsi que l’on nomme ces formations végétales déjà répandues au temps de Pline l’Ancien. En précurseurs de l’agroforesterie, les Grecs et les Romains pratiquaient alors la viticulture sur des tuteurs vivants. Un mode d’exploitation écologique et riche en biodiversité. Oliviers, érables ou figuiers étaient régulièrement étêtés pour faciliter la pousse du raisin. Ce faisant, les arbres prenaient une forme tourmentée.
Chaque bourrelet et cavité devenait dès lors un incroyable réservoir de vie sauvage. Huppes, chevêches, mésanges, pics, couleuvres, grands coléoptères et tant d’autres colonisaient les hautains à tous les étages. Sans compter les centaines d’insectes pollinisateurs, attirés par les fleurs nectarifères de la vigne.
Alliant culture et nature, promettant des fruits pour les gourmands : cette pratique patrimoniale a tout pour plaire. C’est décidé, nous allons aménager un hautain dans le jardin. Et vous ?
Matériel
- Pelle
- Pioche
- Sécateur, scie à main
- Arrosoir
- Ficelle (chanvre ou raphia naturel)
- Pied de vigne
- Jeune arbre (érable champêtre)
Comment installer une vigne dans votre jardin ?
Et encore…
Erables champêtres, ormes, peupliers, oliviers, saules et cornouillers supportent des tailles radicales. Un alignement de deux ou trois hautains permet à la vigne de s’étendre en guirlande de l’un à l’autre.
Règle d’or
Plantez entre novembre et avril. Comme pour la création d’un verger, la conduite de la vigne en hautain est une aventure au long cours. Comptez au moins cinq ans pour manger du raisin et bien plus encore pour former un bel arbre têtard. La trogne doit être émondée ou étêtée périodiquement à moins de lui laisser quelques branches maîtresses pour la vigne.
Foreur, squatteur et charpentier
Le pic vert fore sa loge dans les parties les plus tendres du bois. Il met en moyenne une quinzaine de jours pour finir son travail. Et combien de coups de bec ? Mystère. Son nid, une fois abandonné, sera squatté par d’autres oiseaux comme les mésanges charbonnières, bleues ou boréales. A moins qu’un étourneau, un torcol ou une huppe ne les coiffe au poteau pour profiter de l’aubaine.
La jolie rosalie des Alpes, un coléoptère aux antennes démesurées qui adore les hêtres en montagne, mais aussi les arbres têtards en plaine, pourra peut-être un jour apparaître sur le hautain. En attendant, de nombreux autres longicornes, comme le grand capricorne, s’installeront sans doute dans les cavités créées par les coupes successives pour y pondre leurs œufs.
Enfin, les trous d’émergence laissés par les insectes xylophages sont visités par de nombreuses abeilles sauvages. L’une d’elles, appelée xylocope ou abeille charpentière, s’est spécialisée dans le forage de galeries. A la belle saison, elle creuse le bois vermoulu à ses dimensions pour y faire son nid. En attendant, la belle aux reflets métalliques va passer l’hiver cachée dans une fissure.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre