Semez des messicoles au jardin

Miroir de Vénus, casse-lunettes, chrysanthème des moissons, petit pin, nielle des blés, goutte de sang… De nombreuses plantes dites messicoles accompagnaient les champs cultivés depuis l’apparition de l’agriculture. Adaptées au rythme des moissons, ces plantes poussaient, fleurissaient et produisaient leurs graines rapidement, entre le semis et la récolte. Ma grand-mère me décrivait souvent à quel point les champs étaient magnifiques à l’approche de l’été, quand ils se parsemaient de mille fleurs bigarrées. Elle me contait ses inoubliables cueillettes et ses bouquets mis à sécher pour prolonger ces floraisons éphémères.

Hélas, l’agriculture industrielle et ses herbicides ont depuis fait des ravages. Aujourd’hui, rares sont les parcelles où s’épanouissent encore pleinement ces belles colorées. Elles ont pourtant toute leur place dans une activité agricole harmonieuse. En effet, elles accueillent un grand nombre d’insectes auxiliaires et produisent quantité de nectar et de pollen pour les butineurs.

Alors pourquoi ne pas créer au jardin un petit refuge pour abriter quelques-unes de ces délicates menacées ? Elégantes et peu exigeantes, elles fleuriront le potager sans nuire à la croissance de vos légumes.
A vos binettes !

Retrouvez notre article complet sur les messicoles.

Comment semer des messicoles au jardin ?

Commandez des graines de messicoles chez un vendeur spécialisé. Vous pouvez également récolter vous-même des graines au bord des champs alentour, mais il faudra alors attendre juillet ou août. / © David Melbeck

© David Melbeck

© David Melbeck

© David Melbeck

© David Melbeck

© David Melbeck

Règles d’or

• Attention, les mélanges pour jachères fleuries vantés par de nombreux magasins de jardinage contiennent souvent des plantes venues des quatre coins du monde. Mieux vaut donc privilégier les marchands spécialisés qui proposent des graines de plantes sauvages autochtones. En France, vous pouvez chercher les sachets portant le label Vraies messicoles.
• Si vous les achetez, optez de préférence pour des graines bio.
• Le semis doit avoir lieu au printemps ou en automne sur un terrain ensoleillé, pas trop humide ni trop acide.

Et encore…

• Proposez des graines à vos voisins pour faire naître d’autres refuges autour de chez vous.
• L’observatoire des messicoles met à disposition un grand nombre de ressources concernant les plantes des moissons.

Le saphir et le rubis

© Maeva Arnold © Sylvain Leparoux

Encore présents dans de nombreuses régions, le bleuet et le coquelicot sont parmi les plantes messicoles les plus célèbres. Pourtant, sous leur apparence familière, ils dissimulent encore quelques secrets…

Le bleuet est réputé depuis longtemps pour ses propriétés ophtalmiques, d’où son surnom de casse-lunettes. Appliqué sous forme d’eau florale, il ferait disparaître les cernes et soulagerait les yeux fatigués. Les femmes du Moyen Age s’en seraient servies pour faire briller leur regard. D’ailleurs, n’a-t-il pas le pouvoir d’illuminer les visages quand, au détour d’une balade, les promeneurs découvrent son éclat azuré au beau milieu de l’or du blé ?

Quant au *gentil coquelicot nouveau* chanté dans les comptines, ses graines minuscules gardent leur pouvoir germinatif au moins une dizaine d’années. Cachées sous terre tels de petits trésors oubliés, elles attendent un bouleversement du sol pour faire ressurgir leur floraison écarlate. C’est pourquoi elles apprécient les labours, qui leur laissent le champ libre… au sens propre !